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1621. avril.

aggreable aux Espagnols, et que je tesmoygnois porter le grand dueil de la mort du feu roy, ce quy n’eut pas paru ainsy, sy j’eusse esté habillé a nostre mode. Je fis donc la reverence au roy et luy fis le pesame[1], quy est le tesmoygnage du desplaisir de la mort du roy son pere, puis luy donnasmes le parabien[2], quy est la conjouissance de son heureux avenement a ses couronnes ; ce nous luy dismes aussy par precaution de la part du roy en attendant qu’il envoyat faire ce compliment par quelque prince ou grand seigneur expres : puis en suitte je luy parlay de nos affaires ; a toutes lesquelles choses il me respondit fort pertinemment. Apres cela j’allay faire la reverence au prince [don Carlos][3] quy estoit pres de luy, et puis me retiray. J’allay de là rendre mes visites au duc de l’Infantado et au duc d’Ossune.

Le lundy 5me j’eus ma premiere audience de la reine. Puis j’allay faire la reverence a l’infante Marie et a l’infant cardinal. Finalement je fus voir l’infante [descalse][4], grand tante du roy.

Ce mesme jour le conseil d’Estat s’assembla sur le sujet de mon expedition, et don Baltasar eut charge de m’en parler ; et a cette rayson il m’escrivit, me priant de venir le lendemain ouir messe a Saint Geronimo, et qu’apres, sy je voulois, nous nous promenerions une heure dans les cloitres : ce que je manday a

  1. Compliment de condoléances.
  2. Compliment de congratulation.
  3. Inédit.
  4. Inédit. — Marguerite, une des nombreuses filles de l’empereur Maximilien II et de Marie, fille de Charles-Quint ; née à Vienne le 25 janvier 1581, elle suivit sa mère en Espagne, où elle mourut en 1633.