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journal de ma vie.

Nous demeurames trois jours a Cognac, et puis le roy m’envoya a Paris pour ratifier avesques monsieur le chancelier quy y estoit demeuré, plusieurs traittés et accords que j’avois passés en Espaigne[1] ; ce que nous fimes avesques Mr le marquis de Mirabel[2] quy avoit receu une procuration particuliere sur ce sujet. Mr de Crequy et moy revinmes ensemble et demeurasmes, moy vingt sept jours a Paris, et luy bien davantage a cause d’une blesseure bien grande a la teste, d’une cheute qu’il fit cheux madame la comtesse de Rochefort.

Il ne se peut dire comme je passay bien mon temps en ce voyage : chascun nous festinoit a son tour : les dames s’assembloint, ou se rendoint aux Tuilleries. Il y avoit peu de galans dans Paris : j’y estois en grand estime, et amoureux en divers lieux. J’avois rapporté pour vingt mille escus de raretés d’Espaigne, que je distribuay aux dames, quy me faisoint une chere excellente.

En fin monsieur le connestable a quy quelques gens de moindre estoffe que nous, comme Marillac, Zammet et autres [quy se vouloint avancer][3], avoint persuadé que ce n’estoit pas son bien que des gens sy

  1. Par lettres du 24 juin le roi avait déclaré ratifier les articles du traité de Madrid et la promesse contenue en un compromis signé le même jour que le traité, et portant que la France ferait tous ses efforts pour retenir les Grisons dans son alliance exclusive.
  2. Antonio de Tolède et d’Avila, fils de don Pedro d’Avila et de dona Hieronyma Henriquez, avait épousé Françoise de Zuniga et d’Avila, IIIe marquise de Mirabel.
  3. Inédit.