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journal de ma vie.

grand dommage pour tous, mais pour moy particulierement, car il m’aymoit uniquement : c’estoit un brave seigneur, homme de bien et de parole, et excellent amy.

Ce soir mesme monsieur le connestable envoya commander a Mr le mareschal de Pralain de ne faire tirer le lendemain nostre batterie, ce quy nous fit croyre qu’il y avoit quelque pratique d’accord quy se faisoit dans la ville, en laquelle Esplan entroit tous les soirs de la part du roy et traittoit avesques Mr de la Force et ceux de Montauban. L’on avoit aussy intelligence avesques un de dedans quy y avoit quelque commandement, nommé le comte de Bourfranc[1] ; mais les ennemis en ayans eu le vent s’en deffirent un jour en une attaque quy se faisoit du costé de Ville Bourbon, qu’un des leurs par derriere luy donna une mousquetade dans la teste quy luy mit en pieces.

Le mardy dernier jour d’aust nous continuames la sappe vers la main gauche que nous avions commencée et mismes au dela du chemin une batterie de quattre canons outre la premiere quy estoit de huit.

Mr de Chomberg vint loger en nostre quartier et pria a soupper Mr de Pralain et moy, et quelques autres. Comme nous nous allions mettre a table, nous

    allait reconnaître la place, il avait reçu une mousquetade qui lui avait seulement effleuré la peau.

  1. Le comte de Bourgfranc, « soldat de fortune, brave, habile » (Lebret), avait été investi par le duc de Rohan des fonctions de maréchal de camp dans la ville assiégée, et défendait en outre Ville-Bourbon, où il avait sous sa charge Vignaux avec dix compagnies. Il fut tué le 4 septembre dans la grande attaque du duc de Mayenne. — Voir à l'Appendice. XVIII.