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1621. aout.

de grand mestre de l’artiglerie par commission, vint voir la batterie que son lieutenant nommé Lesine avoit fait faire. Je luy montray comme le parc de ses poudres estoit trop pres de la batterie, et que s’il faisoit vent d’amont, que les canons en tirant jetteroint leurs estincelles jusques au parc, et pourroint mettre le feu aux poudres. Il considera bien que j’avois rayson et en parla a Lesine quy luy respondit qu’il n’y arriveroit aucun inconvenient, ce quy fit qu’il n’y remedia point.

Le lundy 30me nous continuames nos tranchées jusques a une ravine a droitte de nostre batterie[1]. Je vins a la teste de la tranchée reconnestre combien nous nous estions avancés, et sortis huit ou dix pas a descouvert pour voir ce que nous aurions a faire la nuit prochaine et puis me rejettay dans la tranchée avant que les ennemis se fussent bien affustés pour me tirer, ce que la continuelle pratique nous apprend : mais il est dangereux pour ceux quy font cette mesme chose[2] apres nous, parce que les ennemis sont preparés, et ils reçoivent les mousquetades que l’on avoit destinées, et non données, au premier quy a paru ; comme il en arriva a Mr le comte de Fiesque, quy en voulant sortir pour faire la mesme chose que j’avois faite, receut une mousquetade dans le rein droit quy luy perça jusques au bas du ventre à gauche, dont il mourut le quattrieme jour apres[3]. Ce fut un

  1. Dans les précédentes éditions il y avait : jusques à une rame droite de notre batterie.
  2. Il y avait : ce métier.
  3. Le 23 août le comte de Fiesque avait été plus heureux : étant au quartier du roi et assistant M. de Bassompierre qui