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journal de ma vie.

nous pouvoit servir, j’envoyay supplier monsieur le mareschal de le venir voir, ce qu’il fit ; et comme il s’y acheminoit avec Mr de Chomberg et autres des principaux, ils furent exempts [du péril][1] de ce feu. Les huit canons estoint chargés et hors de batterie, prets a y retourner, quand le feu prit aux poudres, quy les fit tous tirer en mesme temps dans les gabions qu’ils mirent en pieces ; et une motte d’un desdits gabions[2] m’ayant donné par le costé me porta par terre et me fit perdre l’haleine, mais aussy fut cause que le feu passa par dessus moy sans m’endommager.

En ce mesme temps les ennemis quy apperceurent nostre inconvenient, firent un grand cry et firent mine de sortir. Le regiment de Chappes estoit ce jour là de garde[3], quy estoit la plus part en cette ligne avancée : il y avoit deux compagnies des gardes sur la gauche de nostre batterie des quattre pieces : j’avois aussy fait venir aux deux batteries pres de deux cens Suisses tant pour la garde de la batterie que pour l’execution des canons. Mr de Chomberg se mit en mesme temps a ladite batterie de quattre pieces et fit tirer de furie. Monsieur le mareschal se presenta avec les deux compagnies des gardes et les deux cens Suisses, et je me mis a la teste du regiment de Chappes, et fismes sy bonne mine que les ennemis n’oserent

  1. Inédit.
  2. Il y avait aux précédentes éditions : une moitié desdits gabions.
  3. Le régiment de Chappes, ancien régiment de Nérestang, et l’un des cinq petits vieux, avait alors pour mestre de camp César d’Aumont, dit le marquis d’Aumont, qui avait succédé en 1614 à son père Jacques d’Aumont, baron de Chappes.