Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 2.djvu/32

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
28
journal de ma vie.

plus affidés au service du roy, nous asseurerent que pourveu que l’on chassat de la ville vingt cinq habitans mutins, ils respondoint de la conserver sans garnison ; ce que l’on resolut de faire, et on leur dit qu’ils avisassent avec Mr de Pralain ceux qu’il faudroit chasser.

Le lundy 19me l’armée ennemie deslogea de Malay, et je montay a cheval pour voir leur deslogement et donner quelque coup de pistollet sy le cas s’y offroit. Mais ils laisserent quelque cent cinquante chevaux et cinquante carabins a leur retraitte ; et moy n’en ayant que vingt, et eux se tenans serrés, apres les avoir conduits une lieue par de la Malay, m’en revins a Sens ou je trouvay que l’on avoit envoyé des billets a vingt et cinq bourgeois pour se preparer le lendemain pour estre menés a Paris avesques une escorte d’une de nos compagnies de carabins. J’estois logé cheux le doyen de l’archevesché, bon homme et bon serviteur du roy, quy me vint trouver apres disner pour me dire que l’on envoyoit deux des chanoines, nommés Miette et l’Hermitte, dont il me pouvoit respondre du premier qu’il n’y avoit au monde un meilleur serviteur du roy, et qu’il me supplioit d’avoir pitié de luy et de luy permettre qu’il me peut parler. J’allay a la chambre du doyen ou ce pauvre homme estoit sy esperdu qu’il ne sçavoit ce qu’il faisoit : en fin l’ayant remis, il me dit qu’il n’avoit autre crime que [l’inimitié de l’archediacre le Blanc, lequel l’accusoit faussement][1] d’avoir dit qu’il voudroit que Mr le

  1. Inédit. — L’omission de ce passage changeait le sens de la phrase.