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1621. septembre.

Mr de Chaunes alla contre le secours, et parce qu’il n’y avoit encores point esté et qu’il craignoit, sy les ennemis arrivoint, qu’il n’y eut du desordre, il me pria d’y aller avesques luy, ce que je fis.

Le mardy 21me la mine fut quasy parachevée, et comme elle se devoit faire jouer le lendemain auquel Mr de Chaunes estoit en journée de commander, le capitaine des mines nommé Ramsay luy vint demander de combien il luy plaisoit que l’on la chargeat. Il demanda a ceux quy estoint pres de luy intelligens en cette affaire, de combien d’ordinaire on les chargeoit. Ils luy dirent de six ou sept cens livres, et luy dit allors : « Je veux qu’elle face un grand effet : chargés la de deux mille huit cens livres de poudre. » Le Ramsay luy dit que c’estoit beaucoup ; mais il le voulut ainsy, croyant que ceux quy luy avoint dit de six ou sept cens, luy eussent dit de deux mille six ou sept cens[1].

Ce soir là, a cause de la blesseure de Mr de Pralain, il fallut encor que j’allasse veiller au secours pour luy.

Le mercredy 22me sur les neuf heures du matin il y eut une grande allarme de la venue du secours : chascun monta a cheval et fit avancer les trouppes ordonnées a cet effet. Neammoins Beauffort et ses trouppes estoint encores a Saint Antonin. Mr de Vandosme quy avoit quelque cavalerie, s’en vint a la plaine

  1. Les pièces du temps sont pleines de railleries sur l’ignorance des trois frères Luynes en matière de guerre. On peut voir à ce sujet le Recueil des pieces les plus curieuses qui ont esté faites pendant le regne du connestable de Luyne.