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journal de ma vie.

du Ramier vers nous, sur un faux avis que l’on luy donna que les ennemis venoint par là. Comme ce bruit fut appaysé, chascun s’en retourna.

Sur le soir comme j’acheminois les trouppes destinées au secours parce que c’estoit ma nuit, je rencontray en y allant messieurs les mareschaux quy alloint aux tranchées et me dirent qu’ils alloint faire jouer la mine. Mr Frangipani estoit avesques eux, quy avoit fait l’ordre que le regiment de Chappes quy ce jour là estoit de garde, devoit tenir : aussy estoit Mr Frangipani en jour de commander de mareschal de camp. Je leur dis qu’il me sembloit qu’ils la faisoint jouer bien tard[1] et qu’il leur resteroit peu de temps pour se loger dans l’effet de la mine ; car la nuit approchoit, laquelle les mettroit en beaucoup de confusion et desordre. Plusieurs estoint de ce mesme avis ; mais Mr de Chaunes (quy la vouloit faire jouer en son jour), n’y voulut consentir et me dit : « Je vois bien que c’est : vous voudriés la faire jouer au jour de Mr de Pralain et de vous. » Je luy demanday s’il avoit besoin de mon service, dont il me remercia. Je luy dis là dessus que je lairrois aller le secours conduit par Mr de Fontenay mestre de camp de Piemont, et qu’apres avoir veu jouer la mine, j’aurois temps de courir apres, et suyvis messieurs les mareschaux quy se mirent en un lieu propre pour en voir l’effet, et moy aupres d’eux. Mr de Chaunes envoya sçavoir sy tout estoit prest ; [on luy manda que ouy][2], a une

  1. « Environ les cinq heures du soir on donne le feu a trente ou trente deux quintaux de poudre. » (Histoire particuliere.)
  2. Inédit.