Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 2.djvu/331

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
327
1621. septembre.

garder, et que nous mettions nos gens derriere ces barricades le long d’un grand chemin creux quy traverse toute la plaine du Barnier entre Picacos et Montauban, prenant depuis le quartier des gardes jusques a cent pas du pont de la Garrigue ou il y en a un autre quy y va et le coupe.

Mr le mareschal de Chaunes voulut aller la nuit a la tranchée, affin que je la peusse reposer toute entiere, estant l’onsieme que j’avois passée en l’attente du secours. J’oubliois aussy a dire que Mr de Luxembourg ne peut souffrir que le roy me commit a la cavalerie, et dit qu’il se leveroit plustost pour y aller, de sorte que l’on en laissa la charge aux chefs des trouppes[1]. Ainsy franc et exempt de toutes courvées je me mis a table le soir avesques plus de cinquante seigneurs ou gentilshommes quy logeoint cheux moy ou aux logis attenans, lesquels m’avoint toujours voulu accompagner toutes les fois que j’avois veillé a l’attente du secours.

Durant le soupper on me vint dire qu’asseurement le secours devoit venir ce soir là et que l’on en avoit quelques nouvelles, ce quy fut cause qu’apres souper j’allay cheux Mr le mareschal de Pralain et luy dis que j’irois encores cette nuit pour luy assister et servir. Mais il me dit qu’il ne le souffriroit pas, qu’il n’estoit pas un novice quy eut besoin que l’on luy montrast sa leçon ; que je luy laissasse seulement Le Meine[2] pour luy montrer les postes, et qu’il n’y auroit point

  1. Il y avait : de la dite cavalerie.
  2. Il y avait aux précédentes éditions : Le Magny.