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journal de ma vie.

en effet c’estoit pour voir ou ils en estoint de la prise de Montauban dont ils parloint sy affirmativement. Eux d’abord me prierent de venir voir leurs travaux, et l’infaillibilité qu’il y avoit en la prompte prise de Montauban. Je trouvay que depuis la grande dispute que j’avois eue avec eux pour la descente dans le fossé, qu’ils avoint toujours avancé a gauche [du long][1] de la contrescarpe jusques a ce qu’ils estoint [venus][2] sur le precipice, et qu’allors ils avoint coulé le long du penchant sur le Tar par une tranchée estroitte et incommode jusques a ce qu’ils eussent trouvé un certain tertre quy leur faisoit une place d’armes en l’aplanissant. Il estoit vray qu’il n’y avoit de ce costé là autre fortification que les murailles de la ville ausquelles mesmes estoint attachées les maisons ; que le fossé n’avoit que deux toises ou deux toises et demy de creux, quy n’avoit pas grands flancs, et mesmes dans le fossé on y estoit avec peu de peril. L’importance estoit de battre cette muraille ; car du lieu ou estoint leurs batteries, quy estoit fort bas, on ne pouvoit voir a une toise et demy pres du pié de la muraille, ce que je fis considerer a ces messieurs : mais ils me dirent que les ruines des murailles y feroint un talus facile a y monter, ce que je ne peus croire, et le disputay avesques eux d’autant plus fermement que le fossé alloit en penchant du costé de la contrescarpe. Lors ils me dirent en secret qu’a tout evenement la place d’armes qu’ils esplanoint allors leur feroit loger trois canons avesques lesquels ils verroint le fond du

  1. Inédit.
  2. Inédit.