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1621. octobre.

fossé, et qu’ils avoint une invention pour les y guinder a force de bras ; ce quy eut esté une grande affaire sy elle eut peu reussir : mais j’y voyois de grandes difficultés, dont la principale estoit que les ennemis tascheroint par mines (comme ils firent en suitte), ou en leur coupant leur tranchée pour y venir (ce quy n’estoit pas impossible veu sa forme et sa situation), de les en empescher.

Je m’en revins en nostre quartier, plus confirmé que jamais que ces messieurs bastissoint sur de faux fondemens, et le dis a Mr  le mareschal de Chaunes, le suppliant instamment de porter monsieur le connestable a une bonne paix, s’il y trouvoit jour, de crainte qu’il ne receut et le roy premierement, quelque notable dommage et honte.

Il fut d’avis de me mener le lendemain lundy 11me a Picacos avesques luy pour en parler moy mesme a monsieur le connestable, ce que je fis fort amplement, et le laissay partir ce jour mesme, fort deliberé de conclure la paix s’il y voyoit jour. Il s’en alla a quattre lieues de Picacos en un chasteau nommé Renies[1] ou il avoit donné seureté a Mr  de Rohan de luy venir parler. Ils confererent long temps ensemble[2], et approcherent toutes choses de l’accommodement : neammoins pour plusieurs respects monsieur le con-

  1. Reynies, village du canton de Villebrumier, arrondissement de Montauban ; il est situé dans une plaine qui longe la rive droite du Tarn, dans la direction de Villemur.
  2. On peut lire dans les mémoires du duc de Rohan les discours tenus de part et d’autre dans cette conférence qui « n’eut point d’effect, parce qu’on ne voulut entendre à aucun traitté general. »