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journal de ma vie.

au quartier de Ville Bourbon, laissant la ville libre de tout ce costé là jusques au commencement de celuy des gardes ; et fallut que de là en avant, non seulement nous nous gardassions de la teste des ennemis, mais aussy tout nostre costé gauche quy demeura descouvert.

On employa tout ce jour là et le suyvant mardy 9me, a embarquer nos canons dans les batteaux sur lesquels nostre pont estoit basty, pour les faire descendre le long du Tar dans la Garonne vers Moissac.

Le mercredy 10me[1] le roy quitta son logis de Picacos et vint loger a Montbeton, quartier de Ville Bourbon ; il passa en y allant devant mon logis et me dit, la larme a l’œil, qu’il estoit au desespoir d’avoir receu ce desplaisir de lever le siege, et qu’il n’avoit contentement que de nostre seul quartier ; qu’au reste il avoit resolu de me donner seul l’armée a mener, mais que je n’en die rien et qu’il n’y avoit que monsieur le connestable et luy quy en sceussent rien, et que je le vinsse voir le lendemain matin a Montbeton.

Mr le mareschal de Pralain luy envoya en ce mesme temps demander congé de se retirer de l’armée pour se faire panser de la fievre qu’il avoit depuis quattre jours, ce qu’il luy permit.

Le jeudi 11me de novembre j’allay suyvant l’ordre du roy a Montbeton, lequel me voyant mal en ordre, m’en

  1. Ce fut le samedi 6 novembre que le roi se rendit de Piquecos à Montbeton où il séjourna jusqu’au 14. « Le 6 à sept heures, dit Hérouard, monte a cheval, part de Piquecos et par le pont dict de Tholose, faict sur des bateaux, va a Montbeton. »