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1621. novembre.

demanda la cause : je luy dis que j’avois couché dans la tranchée. Lors, tout estonné, il me dit pourquoy je n’avois pas encores levé le siege : je luy respondis [que c’estoit][1] parce qu’il ne me l’avoit pas commandé. Il demanda a monsieur le connestable s’il ne me l’avoit pas dit, lequel respondit qu’il croyoit que cela fut fait des le dimanche passé ainsy qu’au Moustier, et que nous avions grand tort de n’en avoir point parlé. Je luy respondis que je n’avois garde, et que j’y fusse demeuré toute ma vie devant que de luy en faire instance, bien qu’il nous ait fallu depuis quattre jours continuels doubler nos gardes, attendu que ceux de Montauban n’ayant plus a songer qu’a nous, pouvoint nous attaquer avesques leurs forces entieres ausquelles nostre garde ordinaire n’eut sceu resister. Ils me dirent lors que je ne manquasse pas de lever le siege la prochaine nuit, et que je portasse cet ordre a Mr de Chaunes de leur part ; mais comme ils me parloint, il arriva, et lors ils luy dirent que la nuit prochaine il eut a quitter les tranchées. Je luy dis que je ne m’y trouverois pas s’il le levoit de nuit ; mais s’ils me vouloint permettre de le lever de jour, je le ferois et avec ordre, et avec nostre honneur, et que je leur suppliois tres humblement de m’accorder cette grace, leur respondant de ma teste de tout le mal quy en arriveroit ; ce qu’ils m’accorderent apres quelque contestation, et Mr de Chaunes me dit que je prisse le temps que je voudrois pour ce sujet, mais qu’il y vouloit estre. Je luy dis lors que ce seroit entre trois et

  1. Inédit.