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journal de ma vie.

excellent quartier. Nesmont et Vaillac estoint plus vaillans que considerés[1], et quy ne pensoint pas que le soir mesme de leur arrivée les ennemis les deussent venir saluer, me dirent que desja tous leurs bagages et grands chevaux estoint passés et mesmes estoint desja avancés sur le chemin de Puch de Gontaut ; que les ennemis ne sçauroint estre avertis de leur arrivée qu’il ne fut bien tard ; qu’ils n’auroint pas le loisir de s’entreavertir a temps pour leur venir donner sur les doigts la mesme nuit ; que s’ils n’estoint bien forts ils ne leur sçauroint rien faire ; qu’il y avoit un chasteau a Puch de Gontaut ou ils se pourroint retirer, et qu’ils feroint bon guet ; qu’ils envoyeroint pour avoir un autre quartier pour le lendemain. En fin ils passerent par dessus mes avis et persuasions, et suyvirent leur chemin.

Pour moy je descendis jusques a Marmande, mon mal se rengregeant d’heure en heure de telle sorte que je n’eus pas la force d’aller jusques a la Reoulle, et fus contraint de me jetter en une meschante hostellerie aux faubourgs de Marmande, ou je fis tendre mon lit pour y coucher, attendant quelque medecin ou esperant d’en trouver a Marmande, comme je fis, mais un medecin de village. De bonne fortune m’arriva quasy en mesme temps un empirique que Mr d’Estissac m’avoit envoyé, nommé Dubourg, quy n’estoit qu’un ivrongne, mais quy avoit d’excellens remedes. Sur les neuf heures du soir m’arriva aussy

    Lot-et-Garonne, sur la rive droite de la Garonne, entre Tonneins et la Réole.

  1. Prudents.