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1621. novembre.

un medecin du roy, excellent, nommé le Mire, que le roy m’envoya, lequel pour m’oster ce furieux tintonain que j’avois dans la teste, de l’avis des autres medecins, me fit scarifier, et appliquer des ventouses sur les espaules.

Cela fut vers les onse heures du soir, quand en mesme temps nous ouymes tirer forces coups de pistollets dans cette rue du faubourg quy est sur la Garonne : c’estoint les gensdarmes de monsieur le connestable que les ennemis poursuyvoint les ayans chargés dans Puch de Gontaut le mesme soir qu’ils y estoint arrivés. Sur ce bruit mes gens en diligence me mirent une serviette sur mes espaules quy estoint toutes en sang, puis me mirent ma robe de chambre, et me firent emporter en cet estat par quattre de mes hallebardiers suisses ; et cinq ou six autres, et ce qu’ils peurent ramasser, m’accompagnerent jusques pres de la porte[1], puis coururent se barricader dans mon logis pour tascher de sauver avesques eux mes chevaux, ma vaisselle et mon equipage. Ils creurent que j’estois entré, et ne demeura avesques moy que ces quattre Suisses, les deux medecins le Mire et Dubourg, avec deux vallets de chambre. Mais comme j’approchay de la porte, ils[2] me saluerent de quelques mousquetades, croyans (a ce qu’ils me dirent depuis), que j’estois le petard que l’on leur venoit attacher a leur porte. Mes gens leur crierent que c’estoit le mareschal de camp quy commandoit

  1. La porte de la ville.
  2. Les habitants de Marmande.