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1615. octobre.

haut de cette colline, ayant le ruisseau devant nous ; et luy, alla loger a Ouson quy estoit tout contre ; et comme la cavalerie quy estoit logée a deux lieues de là, a Briarre et autres lieux, fissent instance d’avoir permission d’aller loger en leurs quartiers et non de camper, veu que tout le jour precedent, la nuit suyvante, et cette presente journée, ils avoint esté sans faire repaitre leurs chevaux, il leur accorda aussy facilement que s’il n’eut pas eu les ennemis en plaine campagne devant luy, que sy lors Mr le Prince fut venu avesques toute son armée entiere charger nostre infanterie seule, desnuée de la cavalerie, il nous eut bien donné de la peine. Les chefs particuliers demeurerent sur le champ de battaille pres de leurs gens, avancerent leurs sentinelles et les revisiterent a toute heure, ne doutans point que les ennemis eussent autre dessein que de passer la Loire[1] ; et mesmes nous voyions avant la nuit leurs bagages et quelques trouppes de cavalerie quy passoint.

Sur le minuit, nous vismes leurs feux plus grands et plus apparens, ce quy nous fit juger qu’il n’y avoit personne autour d’iceux, et que les ennemis les avoint quittés : Mr de Rambures[2] et moy nous avançames, ayans jetté devant nous le capitaine Marsillac[3] avec

  1. C’est-à-dire : ne doutant point que les ennemis n’eussent uniquement dessein de passer la Loire.
  2. Charles, sire de Rambures, dit le brave Rambures, fils aîné de Jean, sire de Rambures, et de Claude de Bourbon, dame de Ligny, chevalier des ordres du roi en 1619, mort le 13 janvier 1633. Il était colonel du régiment de Rambures, un des cinq régiments appelés petits vieux.
  3. Charles de Crugi de Marcillac, fils de Grimont de Crugy,