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journal de ma vie.

mois en garnison, veu la sayson et le mauvais temps, joint que les armées l’hiver rarement tenoint la campagne.

Comme nous estions sur ce discours, Mr de Vittry nous manda qu’a un village a demie lieue de leur quartier et a une lieue de Pamprou, nommé Nanteuil[1], il y avoit trois regimens des ennemis logés, quy ne se doutoint de rien ; qu’il avoit fait monter a cheval la cavalerie legere quy estoit avesques luy ; que la compagnie de gensd’armes du roy, quy estoit prochaine, en avoit fait de mesmes, et que dès qu’ils auroint son ordre, ils les attaqueroint.

Nous montames a l’heure mesme a cheval et y courumes à toutte bride, Mr de Pralain, Mr de Chomberg, et moy, avesques quelque vingt chevaux ; Mr de Guyse suyvoit ; Lambert, Guittaut le jeune, et Descombes[2] ouvrirent la barricade de l’entrée du village[3], et nous donnames dedans par un costé. Les ennemis se voyans surpris ne firent aucune resistance, et ceux qui peurent se jetterent dans l’eglise, ausquels on donna la vie apres les avoir desarmés et desvalisés. En mesme temps que nous donnions par une avenue, les chevaux legers donnerent par l’autre, et la compagnie de gensd’armes du roy que Mr de Saint Geran ammena en mesme temps en fort bon ordre, fut tenue par Mr de Guyse a l’avenue de Saint Maissant en cas que les ennemis voulussent venir au secours ou que ceux quy estoint dans le village (quy se nomme Nanteuil) pensassent a faire leur

  1. Village du canton de Saint-Maixent.
  2. Les précédentes éditions portaient : Descures.
  3. Il y avait ici : du côté du village.