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1616. janvier.

retraitte a Saint Maissant. On apporta a l’heure cinq drappeaux a Mr de Guyse, et luy furent presentés deux mestres de camp prisonniers, dont l’un estoit Mr de Beins[1], frere d’une des filles de la reine : Mr de Chomberg apporta un desdits drappeaux qu’il avoit pris en entrant. Nous ne perdimes en ce combat que Mr de Chemeraut[2] quy fut tué, et Lambert blessé d’une mousquetade chargée de dragée quy luy fit plus de soixante trous dont neammoins aucun ne fut dangereux. Nous revinsmes de là coucher a Pamprou ou nous n’arrivasmes qu’il ne fut dix heures du soir[3].

Le lendemain vendredy 8me l’armée prit le logement de la Motte Saint Esloy[4] ou nous demeurasmes le samedy 9me sur un avis que l’on donna a Mr de Guyse que Mr le Prince devoit venir la nuit suyvante pour charger un de ses quartiers, ce quy fut cause de nous faire tenir toutte la nuit dans le champ de battaille du rendés vous de l’armée.

Le dimanche 10me l’armée alla loger a Lusignan, menée par Mr de Guyse et messieurs les mareschaux de

  1. N. de Lancri, seigneur de Bains en Picardie, fils aîné de N. de Lancri, seigneur de Bains, et de Diane-Catherine de la Porte-Vessine. Il était frère de cette belle Marie de Bains, qui entra peu de temps après au couvent des carmélites de la rue Saint-Jacques, et fut plusieurs fois prieure sous le nom de mère Marie-Madeleine de Jésus.
  2. François de Barbezières, seigneur de Chémerault, fils ainé de François de Barbezières, seigneur de Chémerault, et de Françoise de Coutances, commandait une compagnie de chevau-légers.
  3. « Depuis on imprima à Paris cette défaicte plus grande quatre fois qu’elle n’estoit. » (Mercure françois, t. IV, année 1616, p. 19.)
  4. La Mothe-Sainte-Héraye.