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journal de ma vie.

ce sujet et que nous luy supplions de nous donner une benigne audience. Ma proposition fut approuvée de la compagnie quy me chargea de sçavoir de la reine quand il luy plairoit nous ouïr, ce que j’acceptay, et le lendemain matin vins a l’antichambre de la reine et luy fis dire par Selvage, sa femme de chambre, que j’avois a luy parler. Elle me fit entrer comme elle se coiffoit et receut favorablement ce que je luy dis, et Barbins[1] quy estoit present luy dit que nous avions rayson et que la reine ne devoit pas avoir appellé les autres conseillers sans nous, et qu’il eut esté plus juste de nous appeler sans eux, parce que nous avions les principales charges de la guerre, y exposions nos vies pour luy acquerir la paix, de laquelle il estoit raysonnable que nous fussions aussy participans. La reine me commanda de leur dire qu’ils vinssent au sortir de sa messe, non pour avoir audience, mais bien pour luy donner ; et leur dire que quand elle voudroit choysir des conseillers, d’espée ou de robbe, elle prefereroit toujours les premiers aux autres, et beaucoup d’autres belles parolles ; et leur commanda de s’y trouver l’apres disnée, mesme donna charge a Sauveterre[2] de les aller avertir de s’y trouver toutes les fois que le conseil s’assembleroit.

Elle me dit en suitte et a Barbins quy estoit là, comme Mr de Villeroy luy avoit gardé un paquet et au mares-

  1. Barbin, qui était une créature du maréchal d’Ancre, exerçait alors les fonctions d’intendant de la maison de la reine.
  2. Dans les précédentes éditions il y avait : Senneterre.