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1616. avril.

que Mr de Crequy et moy quy tenions table splendide et magnifique, luy a disner et moy a souper regléement, ou tous les autres se trouvoint. Un soir apres souper, Mrs de Montigny, Pralain, Betunes, Saint Geran, Saint Aignan, Crequy, Saint Luc et quelques autres m’appellerent pour en estre aussy de part, et se plaignirent de l’indignité qu’ils recevoint de n’estre appellés a la resolution de la paix comme ils estoint employés aux hasars de la guerre, et qu’il falloit que nous allassions le lendemain ensemble faire nos plaintes a la reine, et que Mr de Montigny estoit prié de la compagnie, comme le plus vieux, de porter la parole ; et sy je ne voulois pas estre de la partie. Je leur respondis que ce m’estoit honneur d’estre d’une sy honneste bande, et que je leur estois obligé, mais que je leur suppliois (bien que le plus jeune) de me permettre de leur dire que peut estre la reine n’avoit point de coulpe a cela et que c’estoit ses ministres quy introduisoint les gens de leur robbe a nostre exclusion, et que comme nous ne nous en demenions point, la reine ne pensoit pas aussy que nous y pensassions ; de plus, que de venir ainsy tous en corps parler a son maitre (bien que ce soit avec juste cause) n’est jamais approuvé [ny trouvé][1] bon par eux[2] quy preignent ces plaintes publiques non prevenues pour de monopolles[3], et qu’au moins luy devions nous faire sçavoir precedemment que nous desirons luy parler sur

  1. Inédit.
  2. Par les maîtres.
  3. Autrefois monopole signifiait faire des cabales.