Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 2.djvu/72

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
68
journal de ma vie.

l’oseroit nier ; car Vostre Majesté luy maintiendra, et Mr de Bassompierre et moy luy servirons de tesmoins, et ainsy Vostre Majesté renvoyera la flexe[1] contre luy, qu’il avoit tirée sur vous, et le descrediterés par mesme moyen aupres de son cher amy Mr de Boullon. »

La reine embrassa cet avis et fit aussy tost entrer Mr de Villeroy auquel elle fit fort bon visage et luy dit : « Pauvre homme, vous avés bien de la peine a aller et venir sy souvent, et peut estre en fin n’y gaignerés vous rien, ny pour vous, ny pour nous ; » puis l’ammena aupres de la fenestre ou Barbins et moy estions, quy nous voulumes retirer ; mais elle nous dit : « Ne bougés, vous en pouvés bien estre ; » puis elle dit a Mr de Villeroy : « [Et bien, Mr de Villeroy][2], vous me venés porter le dernier plat pour mon dessert : Mr le Prince veut estre le regent, il veut avoir la plume ; et Mr de Longueville veut estre absolu en Picardie d’ou il veut chasser le mareschal d’Ancres. C’est ce qu’ils m’envoyent rapporter par vous : je le sçay bien ; car Philipeau (c’estoit Pontchartrain) me l’a mandé. » « Madame, luy dit il, sy je sçavois aussy bien vostre resolution que vous estes [bien][3] informée de ma proposition, je serois prest a partir pour leur aller porter de vostre part. » Allors la reine luy dit : « Et bien, Mr de Villeroy, que vous en semble ? Dois je encores passer cela pour le bien de la paix, ou rejetter ces articles comme impertinens ? Dittes m’en librement

  1. La flèche.
  2. Inédit.
  3. Inédit.