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1616. avril.

vostre avis avec les raysons quy me doivent porter a l’un, ou a l’autre, affin que tantost au conseil j’en puisse mieux parler, comme y estant preparée. » Mr de Villeroy luy dit qu’il seroit bien empesché de luy dire, et qu’il n’estoit pas tout son conseil, mais la moindre partie d’iceluy ; que tantost il luy feroit sa proposition, et puis qu’en son rang il en diroit son avis comme un autre selon sa conscience et que Dieu l’inspireroit pour le bien du service du roy et de l’estat. « Non, dit la reine, j’en veux presentement vostre avis. » Lors comme il se vit pressé et en estat de ne pouvoir plus reculer, il luy dit : « Ouy, Madame, je le diray franchement a Vostre Majesté, pourveu qu’elle me promette de m’escouter jusques a la fin, » puis commença en cette sorte :

« J’ay toujours bien creu, Madame, que Mr le Prince et ses associés gardoint au fond de leur sac quelque article qu’ils ne proposeroint que lors que tous les autres seroint resolus, et que cet article mettroit Vostre Majesté en estat, sy elle le refusoit, de faire croyre a tout le monde que non les interets de l’estat, mais le vostre particulier, auroint occasionné la rupture du traitté. Mais je ne pensois pas qu’elle en deut estre quitte a sy bon marché que de ces deux derniers que Vostre Majesté a desja sceu qu’ils ont proposés a messieurs vos commissaires et que par leur ordre je vous viens apporter, lesquels, Dieu aydant, n’empescheront point qu’une bonne paix ne soit terminée et parachevée au bien de la France et du roy. Le premier est de la plume, quy regarde Mr le Prince et quy semble chocquer l’autorité particuliere de Vostre Majesté ; l’autre est a l’advantage de Mr de Longueville et au prejudice de