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journal de ma vie.

les choses et les pacifier autant qu’il pouvoit, parlant tantost a Mr le Prince, tantost a Mrs de Guyse, de Vandosme et du Maine, tantost a la reine, pour aviser de mettre les affaires en une bonne assiette. Quant a Mr le Prince, il estoit porté au bien, desiroit [d’entretenir][1] la paix et demeurer en bonne intelligence et mesmes deference avec la reine mere : mais ses partisans ne pouvoint souffrir leur reunion ; et les avoit a combattre et a se porter a leurs desseins, ou les perdre et les quitter : car ils luy mettoint souvent le marché à la main, le menaçans de se reunir avec la reine quy les en faisoit (a ce qu’ils disoint) pressamment solliciter.

Mr de Suilly quy desiroit le bien et la conservation de l’estat se maintenoit avesques les uns et les autres, taschant de les mettre bien autant qu’il pouvoit ; et prevoyant bien que les affaires ne pouvoint subsister en l’estat ou elles estoint, en advertissoit quelquefois la reine mere, quelquefois Mr le Prince. Et un jour le vendredy 26me d’aust Mr de Suilly demanda le soir audience a la reine, en laquelle il fit voir que les choses ne pouvoínt encores subsister huit jours au point ou elles estoint reduittes et qu’au balancement ou elles estoint il estoit infaillible que toute l’autorité tomberoit entre les mains de Mr le Prince, ou qu’elle demeureroit aux siennes sy elle la sçavoit retenir ; que deux sy grandes puissances [concurrentes][2] ne se pouvoint compatir ; que les grans et le peuple penchoint et inclinoint vers Mr le Prince ; que son autorité[3] diminuoit

  1. Inédit.
  2. Inédit.
  3. L’autorité de la reine.