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1616. aout.

tre feroint semblant de s’en mettre en colere, que je dilayasse de jour en jour de les faire partir.

Le lundy 29me Mr de Boullon revint de Peronne, quy apporta des longueurs et remises ; et cependant lors qu’il fut avesques Mr de Longueville dans Peronne, il luy marqua les lieux qu’il devoit faire remparer, et en quelle forme, et luy dicta la response qu’il devoit envoyer faire au roy, auquel il vint le lendemain mardy 30me rendre compte de ce qu’il avoit negocié avesques Mme de Longueville, et fut l’affaire remise a un autre jour pour en traitter. Mais la reine quy voyoit que d’heure en heure les brigues des princes s’augmentoint, que le nombre de ceux quy se jettoint dans leur cabale croissoit, se voulant asseurer davantage des principaux seigneurs ou officiers de la court, nous envoya querir l’un apres l’autre[1] et nous fit faire nouvelle protestation de le bien servir[2] et de ne s’attacher a aucune ligue ou party qu’a celuy seul de Sa Majesté.

Le dernier jour d’aust la reine avoit pris quelque petite medecine quy luy fit tenir le lit, ce quy n’empescha pas que Mr le Prince, Mr de Vandosme, Mr du Maine et Mr de Boullon, quy s’en alloint disner cheux Mr le president Jannin a Challiot ne la vinssent trouver sur les dix heures du matin pour quelques affaires. Ils n’avoint avec eux que chascun leur escuyer et furent plus d’une heure et demie seuls dans la cham-

  1. Ceux qu’on appelait alors les Dix-sept de la cour, et parmi lesquels étaient Bassompierre, Créquy, Saint-Geran, la Curée.
  2. De bien servir le roi.