Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 2.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
84
journal de ma vie.

bre de la reine. Il print opinion a Barbins que le temps estoit tres propre pour les arrester tous quattre et que Dieu les avoit fait venir en cet estat pour les mettre es mains de la reine. Mr de Temines estoit dans la chambre de la mareschalle[1] d’Ancres quy luy parloit, et avoit cinq ou six braves hommes avesques luy.

Il arriva aussy que je me trouvay par hasard dedans le Louvre et que Barbins me vit, quy m’appella et me dit que la reine luy avoit commandé de me dire que j’attendisse là et qu’elle me vouloit parler, et mesmes me fit monter dans la chambre de la mareschalle sans que lors je sceusse ou me doutasse de rien. En ce mesme temps la garde suisse se levoit, et m’ayant demandé ce que c’estoit que tous ces tambours suisses quy battoint, je luy dis que c’estoint les deux compagnies, celle quy entroit, et celle quy sortoit de garde. Il me dit lors : « Mandés leur sous main qu’elles s’entretiennent là jusques a ce que vous y veniés, » ce que je fis, et leur manday que je les voulois voir et qu’elles m’attendissent en bataille. Lors je me douttay de quelque chose et plus encores quand, des qu’il eut parlé a la mareschalle d’Ancres, elle s’en alla trouver la reine, et a ce que j’ai sceu depuis, ayant toussé a la porte de son cabinet, la reine quy l’entendit, quy estoit hors du lit mais en coiffure de nuit, la vint trouver, feignant d’aller a la garderobbe. La mareschalle luy proposa que le temps ne seroit jammais plus a propos pour d’un coup de tirasse prendre ces

  1. Les précédentes éditions portaient : du maréchal.