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1616. septembre.

Le president le Jay[1] alla trouver Mrs  du Maine et de Boullon, et alla avec eux a Soissons.

Mr  le prince de Jainville vint trouver le roy et la reine de la part de son frere et de la sienne : mais la reine, ou qu’elle fut empeschée d’ailleurs, ou qu’elle ne songeat pas a ce qu’il luy disoit, ne luy ayant rien respondu, il s’en retourna mal satisfait et donna l’allarme a son frere. La reine s’estant avisée qu’elle n’avoit rien dit aux complimens de Mr  le prince de Jainville, et aussy que monsieur le nonce luy avoit asseuré de la fidellité de Mr  de Guyse le soir auparavant, envoya Mr  de Pralain le trouver et luy dire de belles parolles : mais comme Mr  de Guyse luy eut demandé sy sur sa parole il pouvoit aller seurement au Louvre, Mr  de Pralain luy dit : « Monsieur, je vous dis simplement ce que le roy et la reine m’ont commandé de vous dire : c’est a vous [pour le surplus][2] de mettre la main sur vostre conscience et sçavoir sy vous y pouvés aller, ou non. » Cela fit resoudre Mrs  de Guyse et de Jainville de partir et suyvre la routte de ceux quy alloint a Soissons.

Peu apres la prise de Mr  le Prince, quelques mutins ou quelques uns de la maison dudit seigneur commencerent a jetter premierement des pierres contre les fenestres du logis du mareschal d’Ancres, puis d’autres s’estans joins a eux pour l’esperance de piller, prindrent des pieces de bois de devant Luxembourg que l’on bastissoit lors, pour rompre la porte dudit logis,

  1. Le président le Jay avait été mis en liberté et rétabli dans l’exercice de sa charge.
  2. Inédit.