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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 3.djvu/266

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journal de ma vie.

ledit secretaire arriva, quy me dit que le roy me mandoit qu’encores qu’il m’eut promis une audience particuliere, neammoins il ne m’en donneroit point jusques a ce que j’eusse renvoyé le pere Sansy en France comme il me l’avoit desja fait dire par trois fois sans effet, dont Sa Majesté s’en sentoit offensée. Je luy respondis que, s’il eut esté de mon devoir ou de la bienseance de l’obeir, je l’eusse fait des le premier commandement, et que je n’avois autre response a luy faire que conformement aux precedentes, dont je pensois qu’il deut estre satisfait, et que Sa Majesté se devoit contenter du respect que je luy rendois de retenir enfermé dans mon logis un de mes domestiques, quy n’est criminel, ny condamné, ny accusé, lequel je luy promettois ne devoir pratiquer, conferer, ny mesmes se montrer dans sa court ny dans la ville de Londres, sy bien dans ma mayson tant que j’y seray, et n’en partira qu’avesques moy, ce que je feray des demain s’il me l’ordonne ; et s’il ne me veut point donner audience, j’envoyeray sçavoir du roy mon maitre ce qu’il luy plait que je devienne[1] apres ce refus, lequel ne me laissera pas, a mon avis, vieillir en Angleterre, attendant que le roy aye la fantaisie ou prenne le loysir de m’ouir : ce que je dis assés haut et aucunement esmeu, affin que les assistans me peussent entendre, et j’en tesmoygnay en suitte plus de ressentiment au duc auquel je priay que l’on ne me parlat plus de cette affaire, quy estoit determinée en mon esprit, sy l’on ne me vouloit quand et quand donner un commandement de sortir de Londres et de l’isle ;

  1. Il y avait aux précédentes éditions : demande.