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journal de ma vie.

puissance, ce quy estoit de moy pour le servir. Ce fut ce quy obligea Mr  le Prince de luy despescher un gentilhomme le jour mesme de la deffaitte de Riés, et me commanda de luy escrire sur la teneur de la despesche qu’il luy faisoit, quy estoit que le roy avoit eu la victoire sur Mr  de Soubise et qu’il alloit droit a luy a quy il vouloit mal de ce qu’il ne vouloit rien faire ; que le seul moyen qu’il avoit pour l’appaiser, et nous de le servir, consistoit en se mettre en campagne et assieger Royan[1] ; que s’il le faisoit, nous estions assés puissans pour faire oublier tout le passé ; mais s’il ne le vouloit faire, nous protestions que le mal quy luy en aviendroit auroit esté empesché par nous s’il nous eut donné le moyen de le faire. Il nous creut et vint assieger Royan ou commandoit le sieur de Saint Surin[2] gentilhomme huguenot avec lequel, peu de jours apres, il entra en traitté de remettre la ville en l’obeissance du roy ; et de fait sortit un jour[3] sur la parole de Mr  d’Espernon pour venir conclure le traitté : mais comme il parloit a Mr  d’Espernon a la veue de Royan, estant entré par mer quelque secours de la Rochelle dans la ville, ils se resolurent d’en fermer les portes a leur gouverneur, et ne tenir la capitula-

  1. Royan, aujourd’hui chef-lieu de canton de l’arrondissement de Marennes, était une place assez forte par sa position sur la rive droite de la Gironde, dont elle commandait l’embouchure. Les huguenots s’en étaient emparés par surprise à la fin de l’année précédente.
  2. N. de la Motte-Fouqué, baron de Saint-Seurin, fils de Charles de la Motte-Fouqué, baron de Saint-Seurin et de Tonnay-Boutonne, et d’Élisabeth de la Chassagne. Son frère avait été fait prisonnier à l’île de Riez.
  3. C’est-à-dire : Saint-Seurin sortit.