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1622. mai.

vail, et mismes six pieces de canon en batterie a nostre main gauche.

Ce soir mesme Mr  le Comte tomba malade de la petite verolle.

Le dimanche 8me je fus voir le roy, puis je visitay le travail de Picardie.

Sur les onse heures nos deux batteries tirerent et ne cesserent jusques a la nuit, en laquelle avec quarante gabions quy nous vindrent, nous avançames par pfalsades[1] jusques contre la piece que nous voulions attaquer, [et fismes une place d’arme couverte, capable de tenir mille hommes en battaille.

Le lundy 9me nous nous preparames pour attaquer][2] le bastion auquel nous estions joints, ce que nous resolumes de faire pié a pié ; et parce que la face dudit bastion quy estoit a nostre droitte et a leur gauche estoit contre la mer et manque de deffense de ce costé là, et que de ce peu qu’elle en tiroit de la ville nous les avions levées a coups de canon que nous continuions toujours, nous allames, toujours entre deux terres, jusques a la gorge, quelque destourbier[3] que nous peussent faire les ennemis quy estoint dans le bastion, a coups de grenades et de pierres, a quoy nous prenions aussy nostre revanche. Ils avoint une

  1. Je crois qu’il faut lire palissades : l’auteur a conformé son orthographe au son du mot allemand pfahl, qui veut dire pieu, d’où pfahlwerk, palissade. Quand on veut pousser vivement l’attaque d’un ouvrage, on se couvre de palissades, derrière lesquelles on forme le parapet avec des gabions.
  2. Inédit.
  3. Destourbier, de disturbarium (basse latinité), vieux mot qui signifie obstacle, empêchement.