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journal de ma vie.

mine au millieu de ce bastion ou ils nous attendoint, et avoint fait un retranchement avec un petit fossé en la gorge dudit bastion pour nous tirer continuellement lors qu’apres qu’ils nous auroint travaillés de leur mine, nous voudrions entreprendre de nous loger dans la piece.

Comme nous nous avancions entre ces deux terres, nous vismes jouer la mine des ennemis au quartier de Picardie, quy nous fit beaucoup de mal ; et peu apres, ceux qui revindrent de cette attaque nous porterent les nouvelles que pour nous y estre eschaudés, nous y avions perdu plus de cinquante gentilshommes ou officiers. Cela me fit croyre qu’ils nous en gardoint autant dans nostre piece, et pour cet effet je me haussay dans nostre attaque du long de la mer pour reconnestre, et vis un couvert au millieu du bastion et une traynée de terre relevée de frais jusques a la gorge ; et comme, la seconde fois que je me haussay pour reconnestre mieux, je descouvris le fossé du retranchement et au millieu du fossé une motte de terre [relevée de frais][1], je ne fus plus en doute.

J’avois trois aydes de camp tres braves hommes, quy estoint Coulombié[2], Lancheres, et Refuges[3], lesquels, ou par ardeur ou autrement, proposoint de don-

  1. Inédit.
  2. Peut-être Jacques d’Adhemar, seigneur de Colombiers, fils de Thibaud d’Adhemar, seigneur de Colombiers, et de Jeanne de Rey de Marvejol, qui fut lieutenant-colonel du régiment d’Auvergne.
  3. Timoléon de Refuge, second fils d’Eustache de Refuge, seigneur de Précy, ambassadeur du roi, et d’Hélène de Bellièvre, fille du chancelier.