marquis de Temines et Richelieu quy y mourut, et eslongner le marquis de Mosny[1] quy se vint jetter entre les bras de Mr de Luines avec Rouccelay, lequel les receut tous deux ; et en peu de temps Rouccelay s’insinua tellement en sa bonne grace qu’il avoit l’entiere faveur. Sur cela Mr le Prince sortit de prison, auquel il s’attacha, tant pour avoir quelqu’un quy le protegeat contre la reine mere quy luy vouloit mal de mort, que pour le reunir estroittement avec Mr de Luines, ce qu’il fit, de sorte que Mr de Luines luy fit donner la generalité de l’armée du roy au Pont de Sey. Depuis, Mr de Luines estant mort, et Rouccelay privé de ce support, il se jetta entierement au service de Mr le Prince, et le servit utilement en plusieurs occasions.
Il avoit pour amis les ministres et tous nous autres. Il sçavoit les desseins du feu connestable, et estoit addroit et rusé. Mr le Prince voulut sçavoir de luy l’estat de la court, quy luy dit qu’elle estoit divisée entre les trois ministres quy vouloint posseder l’esprit du roy a l’exclusion de tous autres, et les trois mareschaux de France[2] et quelques uns de nous
- ↑ Louis de la Marck, marquis de Mauny, second fils de Charles-Robert de la Marck, comte de Maulevrier et de Braine, et d’Antoinette de la Tour, sa seconde femme, laquelle était veuve de Jean d’Avaugour, et fille de Gilles de la Tour, seigneur de Limeuil, et de Marguerite de la Cropte, dame de Lanquais.
Mécontent de n’avoir pas obtenu le gouvernement d’Angers, le marquis de Mauny quitta la reine mère quinze jours avant Rucellaï ; il fut comblé de faveurs par le duc de Luynes. Le marquis de Thémines aspira au même gouvernement, et tua M. de Richelieu qui l’avait emporté sur lui. On peut lire dans l’Histoire de la mère et du fils le détail des intrigues de Rucellaï. - ↑ Les trois ministres étaient : le cardinal de Retz, Schom-