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1622. janvier.

quy n’y consentions pas ; que le roy me parloit souvent et avoit quelque creance en moy quy pourrois m’avancer plus avant sy j’y voulois prendre soin, mais que mon intention n’alloit point a la faveur presente a quoy il m’avoit voulu porter, mais qu’il m’y avoit trouvé fort eslongné, sy bien[1] à avoir aupres du roy la part en ses bonnes graces que mes services m’y feroint meriter : il luy dit aussy que nous n’estions pas toujours de mesme sentiment avesques ces ministres, et que cinq jours auparavant j’avois asprement parlé au roy contre eux en un conseil. Il[2] luy demanda sy j’estois porté a la guerre. Il[3] luy respondit que je serois toujours porté a tout ce quy seroit au bien et a l’advantage du roy ; que j’avois pressé feu monsieur le connestable d’entendre a la paix que Mr de Rohan luy proposoit, sur la crainte que j’avois que l’on ne reussit pas au siege de Montauban, et qu’il me pourroit parler et sonder mon intention. Rouccelay aussy me dit que Mr le Prince me parleroit et qu’il sçauroit de moy ou j’estois porté ; ce quy m’y fit songer et me preparer a la response que je lui devrois faire.

Mr le Prince s’aboucha premierement avesques les ministres qu’il trouva enclins a la guerre, a eslongner le roy le plus qu’ils pourroint de Paris, affin de le mieux gouverner, et a empescher qu’aucun favorit ne puisse a l’avenir occuper la place qu’avoit tenue Mr de Luines avec tant d’autorité, quy estoit tout ce que

    berg et De Vic ; les trois maréchaux, Praslin, Chaulnes et Créquy.

  1. Toutefois disposé.
  2. Il, le prince de Condé.
  3. Il, Rucellaï.