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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/241

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journal de ma vie.

mien, de sorte que l'on creut ces memoires, quy avoint esté faits en partie par moy, mais aux choses vrayes et modestes, estre entierement venus de moy : et cinq ans apres cet auteur Duplex, suscité a mon avis par d’autres, vint montrer a forces particuliers, et la plus part mes amis, des medisances et calomnies quy faussement avoint esté inserées contre eux, leur voulant persuader que c’estoit moy quy les avois escrittes et publiées ; de sorte que plusieurs diverses personnes m'en firent parler, ausquelles ayant fait voir les originaux que j'avois apostillés, ils en demeurerent satisfaits. Mais comme l’on est bien ayse de trouver des pretextes apparens quand les veritables manquent pour colorer et autoriser les choses que l’on fait, ce pendard de Duplex fut escouté lors qu’il fit voir aux ministres ces memoires que faussement il m'attribuoit, et fut aysement creu quand il eut dit qu’il y avoit plusieurs choses ou je tesmoygnois que je n’approuvois pas le gouvernement present, bien qu’il n'y en eut aucune, mesmes aux remarques supposées, quy en parlat ; et on ne manqua pas de le rapporter au roy, et de luy dire qu’il apparoissoit evidemment par ces memoires que j’avois de l’aversion a sa personne, et a l’estat : mesmes plusieurs quy dans ma bonne fortune m’estoint obligés, s’efforcerent de luy faire croyre, et le roy y adjouta foy d'autant plus tost qu’il sçavoit qu'ils estoint mes amis, et l'affaire en passa sy avant que l’on permit a ce pendard d’escrire contre moy un livre sur ce sujet, et obtint des lettres pour le faire imprimer[1].

  1. Voir à l’Appendice. XIII.