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appendice.

a vous, Monsieur, et vous suplier tres humblement de voulloir divertir ce dessain par vostre credit, et par vos remonstrances fondées sur tant de pertes que j’ay desja faites, sur l’extreme ruine que celle cy me causeroit, et sur le peu de necessité qu’il y a de me la faire souffrir, n’y ayant point d’aparence que les ennemis soint a l’avenir en ettat de tenir la campagne en Lorraine, ny d’y mener le canon, sans lequel ils ne sçauroint prendre ce chasteau, et contre lequel en suitte ils ne le sçauroint garder. Je ne desespere pas que la bonté de Son Eminence ne m’accorde cette grace, puisque mesme je ne veux pas cesser d’esperer que touchée de la compassion de mes longues miseres, elle ne me face bientost misericorde en me procurant ma liberté quy luy sera le reste de mes jours absolument asservie. Sy ce bien me peut arriver, Monsieur, j’auray un soin tres particulier de m’acquiter vers vous de toutes mes obligations passées, et de cette presente, quy me rendent parfaitement, Monsieur, etc. — Du 23me may 1638. »


IV



Lettre à M. d’Erlach.

« Monsieur, la mauvaise fortune ne cesse jamais de donner de nouvelles persecutions a ceux qu’elle à une fois commencé d’attaquer. Il s’est depuis peu trouvé des personnes assés malicieuses pour donner avis au roy qu’un gentilhomme nommé Scanevelle m’estoit venu trouver dans la Bastille, et qu’apres m’avoir fait diverses propositions, je l’avois envoyé vers vous a dessain de vous convier de ne mettre la ville de Brisac entre les mains de S. M qu’a condition de me faire sortir de prison. Cette calomnie est tellement impertinente, et sy contraire a ma probité, et a l’extreme passion que j’ay au bien du service du roy (de la pure grace duquel j’attans tout mon bien et ma liberté) qu’il semble qu’elle se confonde et destruise d’elle mesme. J’ay