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L’APPEL DE L’ESPACE…

En ce temps-là, — je parle de ma prime enfance, — j’étais une petite fille point turbulente, un peu farouche, qui était très capable de demeurer de longues heures, assise à rêver…

Nous habitions alors un appartement confortable dans une rue de Limoges, une rue sans histoire ni pittoresque où les jours coulaient aussi paisibles et sereins que les ciels d’été sur la Vienne. Mon père travaillait… ma mère s’occupait du ménage, — elle s’y entendait étant d’une famille de huit enfants où chacun devait mettre la main à la pâte — ; mon frère Pierre, de deux ans plus âgé que moi, faisait mes quatre volontés.

Bref tout était paisible et doux autour de mes six ans et la vie tournait rond comme un moteur bien huilé.

Tous les dimanches, papa m’emmenait « faire un tour  » comme on disait à Limoges. Il avait pour moi une prédilection secrète. Peut-être sentait-il que de ses deux enfants, ce faible et ce tendre qu’était mon frère Pierre et cette Maryse taciturne qui avait