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AILES OUVERTES

parfois de si singulières idées, c’était moi le vrai garçon.

Je goûtais fort ces promenades à travers la ville rendue à la paix dominicale et j’appréciais surtout la compagnie de mon père que j’adorais. Malgré mon inexpérience, j’estimais à sa valeur sa claire intelligence, ce goût très sûr qu’il avait, et cet amour des belles choses dont notre ville est amplement pourvue…

Vieilles places, vieux ponts pittoresques, curieuse rue de la Boucherie aux échoppes moyenageuses, belles maisons historiques où se perdent, dans l’obscurité des voûtes, des escaliers qui ont l’air enchantés, je vous ai vus à travers les yeux de mon père avant de vous admirer avec les miens propres… Et déjà, je savais que je ne vous oublierais jamais, même lorsque d’autres paysages, d’autres images lointaines dont s’est nourri, depuis, mon cœur inquiet de nomade, seraient venus se superposer à ces fraîches visions de ma prime jeunesse.

… Les jardins de l’évêché étaient notre pro-