sera 50 milliards dès les six premiers mois. Voilà de quel poids la Demande des capitaux pèsera sur le marché. Mais où en sera l’Offre ? Dans six mois, la France n’aura pas créé assez de valeurs faites (terres, instruments, marchandises, subsistances), pour satisfaire à ce prodigieux accroissement de prétentions, car les valeurs faites, les réalités, ne tombent pas aussi facilement dans le tablier de dame Offre, que les valeurs fictives dans celui de dame Demande. Cependant vendre et acheter sont des termes corrélatifs ; ils expriment deux actes qui s’impliquent, et, à vrai dire, ne font qu’un. Quel sera le résultat ? Une hausse exorbitante de tous les prix, ou, pour mieux dire, une désorganisation telle que le monde n’en a jamais vu. — Et, soyez-en sûr, si quelqu’un en réchappe, ce ne sera pas le moins moins fripon, ce ne sera par surtout le pauvre diable à qui la Banque a refusé crédit.
Ainsi, mesures arbitraires pour fonder la Banque, inquisition si elle veut mesurer la confiance, cours forcé, maximum, et, en définitive, banqueroute et désorganisation, dont les plus pauvres et les moins roués seront les premières victimes ; voilà les conséquences logiques du papier-monnaie : ce n’est pas tout.
Vous pourriez me dire : Votre critique porte sur les moyens d’exécution. On y avisera. Il ne s’agit que du principe. Or, vous ne pouvez nier que ma Banque, sauf les moyens d’exécution, détruit l’Intérêt. Donc la gratuité du crédit est au moins possible.
Je pourrais répondre : Non, si les moyens d’exécution ne le sont pas. Mais je vais droit au fond, et je dis : Votre invention n’eût-elle pas tous les dangers que j’ai signalés, n’atteint pas votre but. Elle ne réalise pas la gratuité du crédit.
Vous savez aussi bien que moi, monsieur, que cette rémunération du capital, qu’on nomme Intérêt, ne s’attache pas seulement au Prêt. Elle est aussi comprise dans le prix de revient des produits. Et puisque vous invoquez la comptabilité, je l’invoque à mon tour. Ouvrons les livres du premier entrepreneur venu. Nous y verrons qu’il n’opère jamais sans s’être assuré, non-seulement le salaire de son