travail, mais encore la rentrée, l’amortissement et l’intérêt de son capital. Cet Intérêt se trouve confondu dans le prix de vente. En réduisant toutes les transactions à des achats et des ventes, votre Banque ne résout donc pas, ne touche même pas le problème de la suppression de l’Intérêt.
Eh quoi ! monsieur, vous prétendez arriver à des arrangements tels que celui qui travaille sur son propre capital ne gagne pas plus que celui qui travaille sur le capital d’autrui emprunté pour rien ! Vous poursuivez une impossibilité et une injustice.
Je vais plus loin, et je dis qu’eussiez-vous raison sur tout le reste, vous auriez encore tort de prendre pour devise ces mots : gratuité du crédit. Prenez-y garde en effet, vous n’aspirez pas à rendre le crédit gratuit, mais à le tuer. Vous voulez tout réduire à des achats et des ventes, à des virements de parties. Vous croyez que, grâce à votre papier-monnaie, il n’y aura plus occasion de prêter ni emprunter ; que tout crédit sera inutile, nul, aboli, éteint faute d’occasion. Mais peut-on dire d’une chose qui n’existe pas, ou qui a cessé d’exister, qu’elle est gratuite ?
Et ceci n’est point une querelle de mots. Après tout, d’ailleurs, les mois sont les véhicules des idées. En annonçant la gratuité du crédit, vous donnez certainement à entendre, que ce soit ou non votre intention, que chacun pourra jouir, pendant un temps indéterminé, de la propriété d’autrui sans rien payer. Les ma’heureux qui n’ont pas le temps d’approfondir les choses et de discerner en quoi vos expressions manquent d’exactitude ouvrent de grands yeux. Ils sentent se remuer en eux les plus déplorables appétits. Mettre la main sur le bien d’autrui, et cela sans injustice, quelle attrayante perspective ! Aussi vous avez eu et vous deviez avoir d’abord beaucoup d’adeptes.
Mais si votre mot d’ordre eût été anéantissement du crédit, qui exprime votre pensée réelle, on aurait compris que sous votre régime, on n’aura rien pour rien. La cupidité, ce grand organe de la créance comme dit Pascal, eût été neutre. On se serait borné à examiner froidement d’abord, si votre système est un progrès sur ce qui est, ensuite, s’il