Page:Bastien - Le rêve de Petit Pierre, paru dans L'oiseau bleu, jan à juil 1923.djvu/72

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L’enfant remarque avec frayeur qu’ils ont des visages grimaçants, surtout le vieux monsieur qui rêve les yeux ouverts, dans le banc vis-à-vis et qui le regarde fixement. Le pauvre petit pris de peur secoue de ses deux mains le fermier qui dort profondément. Papa ! papa ! crie l’enfant en pleurant, le train marche toujours ! Ça saute effrayant ! Parle donc un peu ! Réveille-toi, je t’en prie ! Pierre a peur ! mais le fermier ronfle toujours. Alors le petit se glisse tout au fond de son banc et, la figure cachée dans ses bras repliés, il essaie de ne plus voir les figures inquiétantes des gens qui l’entourent, ni d’entendre le bruit affreux du train dévorant l’espace. Soudain, le train arrête, et le fermier mal éveillé fait signe à Pierre de mettre sa casquette, en indiquant d’un geste qu’on allait bientôt descendre. Et l’enfant poussé, bousculé par un flot de voya-