Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/194

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Tous sont également réunis dans la gloire. D’ailleurs…

(Elle a prononcé tous ces noms d’un égal accent, froid comme un appel. Mais ayant levé la tête, elle considère tout en parlant la femme au voile de crêpe à la dérobée.)
LA DAME.

Promettez-moi d’insister auprès de Monsieur le sous-préfet. Je ne suis pas seule à penser ainsi…

GINETTE, (troublée.)

Quoi ? oui, oui… C’est entendu… Je présenterai la requête… Partez maintenant… Je suis pressée… Allez !…

(La quémandeuse s’en va. La porte refermée, grand silence tragique, haletant, puis la femme se lève. Elle s’avance, fait quelques pas, ainsi drapée, puis elle rejette le voile de crêpe en arrière et son visage ravagé, aux yeux brillants, apparaît, à Ginette, qui demeure immobile, figée devant la table.)


Scène XIII


CÉCILE, GINETTE

CÉCILE.

Vous ne m’attendiez pas ? Vous ne vous disiez pas qu’un jour, même lointain, même après des années et des années, je reviendrais ?… Qu’à un tournant de la vie, vous me trouveriez tout à coup devant vous ? oh ! pas par hasard !… au contraire, un jour à mon choix… ce jour fatal, inévitable qui devait venir et que cependant je n’attendais pas sitôt… Je veillais de loin… prête à surgir devant vous si par malheur vous vous échappiez de la ligne stricte et du devoir que vous avez à accomplir !