Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/114

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ton premier cri ; tu m’approuveras après. Je te connais.

CÉCILE, (se précipitant sur la porte.)

Simone ! Simone !… (Dès que Simone est sur le seuil, elle lui crie.) Simone, ton père veut nous quitter… Simone ! ma pauvre enfant…

SIMONE.

Papa !

CÉCILE.

Il veut aller se battre… Il veut aller se faire tuer… Va te jeter à ses genoux… Dis-lui d’avoir pitié de nous !

PIERRE, (se dégageant brusquement.)

Ah ! tu abuses, Cécile, tu abuses… Voilà la scène que je voulais éviter. Relève-toi, Simone… relève-toi ! À mon tour, c’est moi qui dis : Allez-vous-en… Quand vous serez plus calmes toutes deux, je pourrai vous parler, vous persuader. Pour l’instant, laissez-moi tous. J’ai encore besoin de me retrouver seul… devant ma conscience.

CÉCILE, (immédiatement sautant sur cette lueur d’espoir.)

Ah ! tu vois bien que tu n’as pas dit ton dernier mot ! Oui, je te laisse… oui, nous te laissons. Viens mon enfant chérie, viens… Ton père a compris… ton père t’a entendue ! Ah ! c’est égal, je viens d’avoir une rude peur. (Elle respire largement.) Oui, oui, mon chéri, nous te laissons, réfléchis. Nous t’attendons à côté.

(Elle sort encore secouée par les larmes et en serrant Simone tout contre elle. Elle laisse la porte ouverte. Ginette, la main sur le bouton de la porte, se retourne vers Pierre.)