Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/122

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MONSIEUR DES MARAIS.

Je me lève dès cinq heures du matin… Je suis toujours debout… Je vais dans les gares, dans les hôtels de la ville, partout où il y a de la tristesse. Il faut bien user ma vie !…

GINETTE.

Le moment du repos est sans doute venu pour vous…

MONSIEUR DES MARAIS.

Je voudrais bien oublier le siècle, la vie, toutes les misères humaines. Mais on ne peut pas… Elles vous attirent ! Elles vous attirent…

GINETTE.

N’est-ce pas, c’est un aimant puissant ?

MONSIEUR DES MARAIS.

Oui, mais nous, les vieux, cela nous soulève… à peine… pour mieux nous laisser retomber après dans notre vie sédentaire.

MADAME DE SAINT-ARROMAN, (prudemment.)

Chère amie, nous ne voulons pas vous déranger plus longtemps.

GINETTE.

Il est tout à fait naturel que vous soyez venus aux nouvelles. Je suis désolée de ne pas vous en donner de meilleures. N’hésitez pas, quand vous passez par ici, à sonner. Vous n’en voulez pas à Cécile, n’est-ce pas ?

MADAME DE SAINT-ARROMAN.

Oh ! je la comprends si bien !… et puis que nous dire ? Ces paroles vaines et vagues que toutes les familles échangent en ce moment ? Il n’y a qu’à s’en remettre à la volonté de Dieu. Nous souhaitons tant que le courage de ce brave