Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/161

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GINETTE, (fièrement, lance encore une fois.)

Comme un héros, comme un dieu !

CÉCILE.

Mais faites-la taire, faites-la taire, celle-là !

(Ginette est sortie brusquement, en claquant la porte.)


Scène XI


Les Mêmes, moins GINETTE

(Alors on voit cette chose : à peine l’image de Ginette s’est-elle effacée devant les yeux de Cécile, à la seconde même où elle a disparu, que celle-ci se retourne vers les autres personnes, comme si elle les voyait pour la première fois.)
CÉCILE.

Qu’ai-je dit ? Je ne m’en souviens plus !… Qu’est-ce que je viens de dire ?… Est-ce que je n’ai pas dit : un lâche ! Ne me croyez pas… J’ai menti ! j’ai menti… Il ne faut pas me croire… Je deviens folle !

(Elle essaye de se maîtriser, de se ressaisir.)
MADAME DE SAINT-ARROMAN.

Mais ma pauvre Cécile, naturellement c’est votre douleur qui vous emporte !

DUARD, (s’avançant.)

Madame…

CÉCILE.

Ah ! ne marchez pas là-dessus ! Donnez ça, donnez… (Elle montre la lettre froissée qu’elle avait jetée à terre tout à l’heure ; Monsieur Duard la ramasse et la lui tend. Elle s’en saisit et pleure doucement.) Non, non, ce n’était pas un lâche ! Ce n’était pas