Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/259

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couvert ! J’ai vécu en étranger à tes côtés, à cause de cela, sans bien m’en rendre compte moi-même !… Nous sommes arrivés à une désunion complète. Au fond, peut-être vas-tu jusqu’à me haïr… et si rien n’a éclaté entre nous, je te le répète, c’est à ma lâcheté seule que tu le dois !… J’ai toujours su !…

GENEVIÈVE, (impassible.)

Tiens ! je ne répondrai même pas !… Je ne daigne pas !…

DARTÈS, (les yeux dans les yeux.)

Mais il y a quelque chose de plus atroce encore !… Il y a que je viens de recevoir un coup de massue dont je ne me relèverai peut-être jamais !… Je viens d’entendre cette autre abomination à mes oreilles : « Tout le monde sait que ta fille est de Ménescal !… »

GENEVIÈVE.

Plaît-il ?

DARTÈS.

Ah ! tu sourcilles, cette fois !… Et moi, je tremble ! Est-ce vrai ? Pas ça, hein ?… Pas ça ! Aie donc le courage de dire la vérité en cette heure tragique que nous traversons !… Est-ce vrai, cette chose-là ?… Est-ce vrai, cette horreur ?

(Silence de Geneviève.)
FRÉDÉRIC.

Allons, mon bon ami, voyons !… Vous n’allez pas prendre au sérieux des vengeances manifestes auxquelles vous deviez bien vous attendre !… Tout cela est, ma foi, trop bête, trop dérisoire !…

DARTÈS, (à Geneviève.)

C’est à mon tour de te dire… parle, toi !… Mais parle donc !… (Silence.) Ah ! monstre !…