Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/343

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avoir à me venger, je n’aurais pas armé le bras d’une femme…

GIBERT.

Vous faites fausse route, Dartès. Jamais votre fille ne m’a menacé… Je tiens à vous en donner l’assurance formelle.

DARTÈS.

C’est vrai ?… Tu n’es pas venue ici pour attenter à sa vie ?…

RENÉE.

Je l’affirme !

GIBERT.

Je vous en donne ma parole !

DARTÈS.

Alors, que fais-tu ici ?… Je ne comprends plus… plus du tout ! Ah ! ça, réponds… explique… Tu te tais !… tu ne serais pas venue t’humilier, par hasard… supplier… t’abaisser à la plus ignominieuse démarche.

RENÉE.

Pourquoi pas ?

DARTÈS.

Toi !… Toi !… Oh ! Renée !… Toi !… Je ne me résous pas à le croire !… Il a pu penser que j’étais derrière cette démarche et cette supplication… que je t’envoyais ici… que… Tu es inexcusable !… Inexcusable de t’humilier d’abord, inexcusable ensuite vis-à-vis de moi, à qui tu aurais dû songer avant tout… Affolement de femme, détresse nerveuse, ah ! il te reste beaucoup à apprendre, et tu n’es pas encore la créature que tu rêvais de devenir ! Gibert, je vous demande pardon de la démarche de cette enfant !… Elle a des excuses aux yeux des hommes, peut-être. Aux miens, elle