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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/75

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bureau ! Ah ! on vend de l’ironie dans les administrations !

PIERRE.

Je n’ironise pas du tout, Ginette ; ce que je dis est plein de sens et d’exactitude… Et devant vous je n’ai jamais envie d’ironiser.

GINETTE.

Alors c’est pire, puisque vous essayez de m’accabler de choses désagréables, sans résultat, d’ailleurs.

PIERRE.

Je n’ai pas cette intention.

GINETTE.

En diminuant notre pauvre mérite, si toutefois nous en avons un ! Et surtout en tenant bêtement ce langage de civil retardataire : « Cet homme vous aimait »… (Elle hausse les épaules.) Phuff ! Pékin !…

PIERRE.

Je ne désignais pas une faiblesse. Au contraire. Il y a, à l’heure actuelle, presqu’un excès de toutes les vertus humaines. La guerre et le danger sont causes de cette surenchère. Tenez, vous, Ginette, qu’est-ce que vous auriez été dans votre milieu bourgeois de Lille ou de Roubaix ?… Vous seriez-vous même découverte jamais ! Auriez-vous su communiquer ce courage, cette intrépidité ?…

GINETTE.

Vous venez de constater vous-même qu’ils n’ont guère besoin qu’on leur en communique, ceux-là !

PIERRE, (hochant la tête.)

Savoir !… On a toujours besoin du clairon, Ginette ! Pour faire l’ascension des sommets, il faut