Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/88

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soit autrement ! Ah Dieu ! avant la guerre, je n’aimais pas les vieux, maintenant je les déteste.

BARRIER.

Merci, en passant.

(On rit.)
GINETTE.

Oh ! mais je n’appelle pas vieux du tout un homme de votre sorte… placé…

PIERRE.

Au guichet de la vie.

BARRIER.

Il en a de bonnes !

GINETTE.

J’appelle vieillard tout ce qui se consume dans l’inutilité, l’anémie, l’ankylose ! Et ce qu’on en voit !

BARRIER.

La cachexie, comme nous disons entre nous, mais c’est un sale mot pour de jolies bouches.

CÉCILE.

Voilà Ginette lancée !… Je vous avertis que c’est sa marotte.

DUARD.

Mais, il y a des vieillards intrépides et charmants. Mademoiselle.

GINETTE.

J’enrage de penser qu’après la guerre il y aura tous les vieillards ! Et que cette belle jeunesse meurt tous les jours pour entretenir le règne de la vieillesse ! Ah ! s’ils se contentaient d’étouffer les violons !

BARRIER.

Elle ne pardonne pas à la vieille dame d’à côté !