Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/87

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DUARD.

Oh ! le fait est que je suis accablé de besogne, mais mes clients sont moins pressés que ceux du docteur !… Trois cents dossiers d’allocations, réquisition de blé, de foin, veiller à l’hygiène des écoles, au personnel des grandes usines, un courrier de deux cents lettres de réclamations, des réclamations de députés, car il y en a encore ! Rédiger dans la quinzaine un rapport sur la réforme administrative !

GINETTE.

Et vous voulez encore que je vous ennuie avec ma petite requête !

CÉCILE.

Mais enfin, qu’est-ce que c’est, Ginette ?

GINETTE.

Après tout, j’ai peut-être tort de rire. Figurez-vous que nos insupportables pies-grièches de voisines prétendent m’interdire de jouer du violon et s’en réfèrent à je ne sais quelle ordonnance de la préfecture et aussi à votre jugement personnel. Il paraît que c’est inconvenant de jouer du violon… ailleurs qu’au front sur des boîtes de macaroni…

DUARD.

Quelle idiote ! Je vais vous rédiger une lettre que vous pourrez lui montrer à cette dame. J’entends ne pas être tenu responsable d’un arbitraire pareil.

GINETTE.

À la bonne heure ! je n’en doutais pas !

DUARD.

Quelle est cette personne ? Une vieille dame ?

GINETTE.

Naturellement ! comment voulez-vous qu’il en