Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 11, 1922.djvu/142

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ALONSO, (quelques secondes après, descendant, une serviette à la main.)

Me voilà, je me débarbouillais le visage. Il y a le feu à la maison ?

DON JUAN.

C’est fait ! j’ai déchiré le voile… Je me suis nommé à elle… Demain, nous partons tous trois, nous nous rendons directement au tombeau, je le viole… je n’en suis pas à un viol près… j’arrache le manuscrit et…

ALONSO, (épanoui.)

Réjouis-toi, Don Juan ! Je lisais bien sous les lignes de tes lettres, parbleu, que tel était ton secret désir… J’ai voulu t’épargner la lugubre décision… C’est fait ! C’est fait, mon ami !

(Il jette sa serviette et embrasse Don Juan.)
DON JUAN.

Qu’est-ce qui est fait ? Quoi ? Quoi ?

ALONSO.

Ah ! mon ami ! quel bonheur !… J’ai le manuscrit ! Je te l’apporte !… Remercie-moi !

DON JUAN.

Sang dieu ! Quand je viens de lui promettre qu’elle assisterait à ce coup de théâtre ! Je vais avoir l’air d’un imposteur !… Ah ! les amis… toujours pressés !

ALONSO.

Accumulez donc les attentions délicates ! Toutes, toutes, je les ai eues pour devancer tes désirs,