Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 11, 1922.djvu/147

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index implacable est tombé sur mes nuits de quinze ans… Permettez. (Il reprend les feuillets.)

INÈS, (ironique.)

Oh ! qu’à cela ne tienne ! Vous me mettez en goût ! Un tel début !… Lisez… (Elle se lève et désigne au hasard un autre passage.) Et ne trichez pas !… C’est ce passage que je veux ouïr !

DON JUAN, (après avoir regardé.)

Vous tenez à ce morceau-là ! Gare aux oreilles ! (Avec un indéfinissable sourire.) Vous allez entendre de bien grandes vérités. Avec le ton, alors ! (Il lit.) « Et nous parlions de nos amours, chacun énumérait les siennes… Le Méridional Moscoso nous méprisait de sa moue et de son fort accent andalou : « Peuh ! bagatelle ! J’ai eu mille aventures et dans toutes les sociétés… Les femmes ne me résistaient pas. » « La recette, m’écriai-je… Oui, la recette du conquérant ? », cria tout le monde… Et Moscoso répondit avec cet accent intraduisible qui donnait tant de saveur à ses moindres réponses : « Comment je fais ?… C’est bien simple, je leur pince le… »

INÈS, (avec un cri effarouché et un sursaut de tout l’être.)

Ah ! quelle horreur !

DON JUAN.

C’est Moscoso !

INÈS.

À la cuisine !… Quel valet d’écurie !

(Elle en brise son éventail.)
DON JUAN.

Assez de plaisanteries ! Laissez-moi choisir comme je le désire. (Don Juan se met à lire un autre